L’articulation des politiques patrimoniales et des programmes de revitalisation des petites villes d’Occitanie pour une revalorisation des territoires ruraux

Marianne Rodrigues

Ce projet de thèse fait suite à un travail mené dans le cadre d’un PFE mention recherche à l’ENSA Toulouse sur la patrimonialisation et la revitalisation d’une bastide du Sud-Ouest de 1 359 habitants (INSEE, 2018), en Site patrimonial remarquable (SPR), retenue pour le programme « Petites villes de demain », initié par l’Agence nationale de la cohésion des territoires.
Les bourgs-centres des petites villes rurales, font souvent l’objet d’un rayonnement territorial local hérité de leur accomplissement passé, dont le patrimoine urbain et paysager est le témoin. C’est pourquoi la patrimonialisation apparait comme une piste pertinente pour penser la revitalisation. En effet, depuis le plan Dauge de 2017, la prise en compte du patrimoine au sein des processus de revitalisation des centres-bourgs tend à prendre de plus en plus de sens, au regard de nos préoccupations actuelles, qu’elles soient environnementales, sociales ou encore économiques. L’idée de considérer le patrimoine comme un levier a également été mise en avant par l’ouvrage « Réinventer la ville centre, le patrimoine en jeu » (Diaz, 2020) édité suite aux ateliers des territoires menés en 2018, dans le cadre du programme de revitalisation « Action cœur de ville ». Cependant, le programme « Action cœur de ville » ne concerne que des villes moyennes, avec donc des moyens humains, financiers et en ingénierie importants. Ainsi, la gestion du patrimoine est en général bien menée et associée à une véritable prise de position politique des élus.

Le programme précédant « AMI centres-bourgs », initié en 2014, était adressé à des communes de moins de 10 000 habitants, en revanche, il revêt un caractère plus expérimental, moins abouti que le programme « Action cœur de ville ». Cette recherche s’intéresse ainsi à alimenter les réflexions actuelles sur le programme petites villes de demain en cherchant à comprendre comment la patrimonialisation et la revitalisation peuvent-elles s’enrichir l’une et l’autre afin d’œuvrer pour la revalorisation des territoires ruraux ? Ou encore, en pratique, comment les dispositifs de protection du patrimoine peuvent-ils devenir de véritables levier de revitalisation ?
Il s’agira ainsi d’étudier les mécanismes d’articulation entre les dispositifs de protection du patrimoine et les projets menés dans le cadre des programmes de revitalisation
« AMI centres bourgs » et « Action cœur de ville », à travers un corpus de petites villes. Cela permettra de mettre en évidence des retours d’expériences fructueuses et d’établir des bilans mesurables afin d’en tirer des outils pour le programme en cours « Petites villes de demain ».

Contexte et enjeux scientifiques
Dans les dernières décennies du XXème siècle, les campagnes ont continué de se dépeupler au profit des grandes agglomérations. La fermeture de grands sites industriels
autour des années 1980 sur l’ensemble du territoire métropolitain a accompagné l’exode rural d’un déclin économique. Aujourd’hui, les centres bourgs peinent à demeurer
attractifs : les services publics (banques, postes, unités médicales spécialisées, etc.) les désertent, les commerces ferment progressivement, les familles avec enfants
et les jeunes travailleurs s’y installent peu. Et leur patrimoine, subissant une altération lente et insidieuse, en est le témoin le plus probant. Pour inverser le processus à
l’oeuvre, des initiatives locales isolées existent, dont certaines sont médiatisées, mais ne suffisent pas pour répondre à un phénomène d’une telle ampleur.
Ainsi, la reconquête des centres anciens est toujours d’actualité et s’inscrit désormais dans une logique durable visant à limiter l’étalement urbain tout en préservant les paysages et les terres agricoles. C’est pourquoi, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé au début de l’été 2014, permettant à cinquante-quatre villes lauréates de
participer à un programme national expérimental de revitalisation des centres-bourgs. Puis, en 2018, le programme « Action coeur de ville », destiné aux villes moyennes, a
pu profiter de l’expérience menée avec le programme AMI. Depuis 2020, ce sont les petites villes de moins de 20 000 habitants, identifiées comme polarité qui sont ciblées,
dans le cadre du contrat de ruralité avec le programme « Petites villes de demain ». Ces programmes de revitalisation renvoient à une stratégie nationale, visant à l’amélioration de la qualité de vie des habitants sur l’ensemble du territoire, dont les moyens sont à puiser à l’échelle locale. Celle-ci fait état d’une nouvelle conception de la planification urbaine, tournée vers une approche territoriale qui tend à valoriser les centralités ; de la ville intermédiaire au village-centre (Architectes -conseils de l’Etat, 2019).
Ainsi, la revitalisation des petites villes rurales représente un enjeu majeur. En effet, elles sont la matérialisation de l’interface entre le monde urbain et le monde rural. Il
s’agit donc d’une opportunité de renouer avec les campagnes, afin de répondre à leur sentiment d’abandon, souligné lors de la crise des gilets jaunes, et d’aborder une nouvelle approche de la ruralité qui associerait une qualité de vie exemplaire à une gestion des ressources intelligente, positionnant ces petites villes comme levier de la transition écologique. Par ailleurs, le crise sanitaire liée à la COVID-19 a également permis d’entrevoir à travers les moyens de communication internet de nouvelles perspectives pour les territoires ruraux.

Maître d'ouvrage :

Contrat doctoral, Ministère de la Culture, France.

Date :

2021-2025

Doctorant :

Marianne Rodrigues

Composition du jury :

École doctorale : Temps, Espaces, sociétés, cultures (TESC), UT2J
Unité de recherche : Laboratoire de Recherche en Architecture (LRA), ENSA T

Directeur de thèse : Rémi Papillault, professeur HDR en architecture
Codirectrice : Laura Girard, maître de conférence, Hca.