A la fin du XIXe siècle, de nombreuses revendications s’élèvent de manière unanime contre le manque de considération de l’administration coloniale française à l’égard du patrimoine monumental et des vestiges archéologiques de l’Algérie. Dès 1880, l’établissement d’un programme de conservation des monuments de l’Algérie, sous la direction respective de l’inspecteur général des Monuments historiques et des architectes en chef des monuments historiques, a eu pour objet de « visiter les divers édifices se rattachant soit à l’art antique, soit à l’art arabe, et d’en dresser une « liste définitive » faisant connaître leurs état de conservation et les besoins nécessaires pour d’éventuelles restaurations » (Oulebsir, 2004)
La restauration a marqué un tournant décisif dans la seconde moitié du XIXe siècle, pour répondre aux manifestations pratiques d’une révolution dans la recherche historique et identitaire de la nouvelle colonie. Si les restaurations entreprises sur certains édifices, par le génie militaire français en collaboration avec les architectes du Service des Bâtiments civils, se résument en des réparations urgentes de sauvetage, il en est tout autrement pour les « restaurations » menées dans les années 1880. A cette période, de nouveaux dispositifs sont mis en place en matière de restauration. Une pratique spécifique aux architectes restaurateurs, fondée sur l’interventionnisme des architectes des Monuments historiques dans les chantiers de fouilles (déblaiement, remaniement, nettoyage et consolidation) est née.
L’intervention sur « les monuments historiques » de l’Algérie a supposé l’élaboration d’une étude comportant, les renseignements nécessaires pour disposer d’une connaissance globale de l’édifice en identifiant les gestes de l’édification et des symbolisations « qu’exprime l’esthétique des formes et les usages sociaux que contiennent et organisent les volumes » (Pinson, 2016). L’examen des moyens pratiques donnés par l’expérience et la pratique, nous pousse à nous interroger sur les idées exprimées dans les sciences et les arts les attitudes collectives), les activités (disciplines, formes de recherche) cognitives et pratiques qui sont engagés pour entreprendre une mise en situation du savoir sur l’édifice (concrétisation, pratiques opérationnelles, chantiers de restaurations) et sur les données (outils) qui sont mobilisés pour produire le savoir nécessaire à la mise en place d’un protocole à visée opérationnelle (la méthode, l’enregistrement, la collecte des données, leur représentations, leur usages etc.)
Date :
Doctorant :
Amel BENGUEDDA
Composition du jury :
Directeur de thèse : Rémi PAPILLAULT, professeur, ENSA Toulouse
Mots clés :
Restauration, Monuments historiques, Colonisation, Histoire des idées