THÈME DE RECHERCHE : le devenir des lacs à Hanoï face à la croissance et au renouvellement urbain générés par le développement économique contemporain.
Le rôle crucial de l’eau est inhérent au Bac Bô (Nord du Vietnam) et traditionnellement rattaché à la riziculture. Les systèmes de canaux et les lacs centraux dans les villages sont les points clés pour la gestion de l’eau (régulation de l’irrigation, inondation, sécheresse). De nombreux canaux servaient aussi de moyen de transport et les lacs étaient souvent liés à des pratiques civilisationnelles symboliques (feng-shui) et culturelles (spectacles de marionnettes, fêtes de villages).
Hanoï est connue comme une ville née de l’eau, aux rivières et aux lacs dont la beauté et le rôle symbolique ont été maintes fois soulignés au cours de l’histoire. Mais ici comme dans de nombreux autres pays, la ville a fini par tourner le dos à l’eau ; les surfaces humides, accusées de devenir des cloaques malsains n’ont eu cesse de se rétrécir, notamment sous l’administration coloniale puis de façon plus intense à la fin du XXème siècle, pour se poursuivre de nos jours. Elles furent souvent comblées pour récupérer du sol constructible ou couvertes pour servir d’égout, d’autant que rails et voiries faisaient concurrence aux voies d’eau. Peu à peu, l’eau tend à s’effacer du paysage urbain, alors même que la plupart des habitants reconnaissent en elle l’identité fondatrice de la ville.
Les rues constituent l’espace public par excellence de Hanoï. Exigües dans le quartier marchand des trente-six rues ou dans les villages traditionnels absorbés par l’urbanisation, elles sont le lieu de nombreuses formes d’appropriation plus ou moins intimes et très changeantes au cours de la journée. Plus statiques, mais larges et abondamment plantées, dans l’ancien quartier colonial, elles offrent à la ville une trame verte généreuse. En revanche, les rares places et les squares de la ville sont moins appropriables, parfois à cause de la composition végétale elle-même qui tend à entraver la fluidité des piétons-, du trafic routier incessant qui les encercle ou simplement des interdits (place Ba Dinh).
PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
L’intérêt de cette thèse est motivé par les changements générés par l’expansion urbaine visant à transformer Hanoï en métropole mondiale et provoquant de profondes recompositions et de nombreux déséquilibres d’ordre environnemental et social. Dans un contexte de croissance explosive, et conjointement, de pollution inquiétante, le rôle des lacs est précieux. Toutefois, les transformations rapides, la disparition même de lacs ou de zones humides, leur empiétement par des voies de circulations (Hao Nam), les connaissances trop éparses sur leur évolution ou le manque de précision sur leurs perspectives de transformation dans les documents d’urbanisme rend difficile l’appréhension de ces territoires de l’eau qui sont pourtant porteurs de défis majeurs pour un développement soutenable de la ville : rôles écologique, symbolique, usages.
La thèse propose de s’intéresser au dialogue renouvelé dans l’urbanité hanoïenne entre ces paysages mémoriels et les nouvelles dynamiques urbaines contemporaines à travers l’évolution des représentations, du cadre de vie et des usages. Comment garantir la valeur patrimoniale des lacs hanoïens, alors que la croissance accélérée les néglige, force leur recomposition, voire menace leur existence même ? Comment renouer avec les racines profondes dont ils sont porteurs tout en intégrant les nouvelles activités liées aux transformations sociétales contemporaines ?
Au-delà du patrimoine, les lacs soulèvent les grandes questions de la ville et de la construction à la croisée des problématiques urbaines, environnementales et paysagères, face aux enjeux du développement durable.
Le milieu lacustre conservé constitue un ensemble particulier dans ce système d’espaces publics. Le dégagement des lacs ouvre la ville au ciel, les ripisylves, les surfaces d’eau constituent des respirations très prisées des hanoïens. Ils forment des espaces publics majeurs qu’ils s’adressent à la métropole entière, à des quartiers environnants ou aux villages.
Maître d'ouvrage :
Date :
Doctorant :
ASSASSIN Sylvie
Composition du jury :
École doctorale : Temps, Espaces, sociétés, cultures (TESC), UT2J
Unité de recherche : Laboratoire de Recherche en Architecture (LRA), ENSA T
Directeur de thèse : Rémi Papillault, professeur HDR en architecture, docteur en Histoire, EHESS, Paris.
Frédéric Bonneaud, co-encadrant de la thèse, professeur, docteur sciences pour l’ingénieur, LRA