Rémi PAPILLAULT
Cette thèse fut suspendue au moment où notre agence a été retenue pour la « restauration urbaine » du Mirail de 2003 à 2013. Nous pensions pouvoir assumer « la thèse comme projet, le projet comme thèse » mais cela n’a pas été possible.
Les résultats de la recherche ont tout de même été publié sous différentes formes, voir notamment :
– Le Team X. Les bâtiments et les théories qui les font naître : le cas des opérations de logement collectifs à grande échelle en Europe, Actes du Colloque. Avec B. Fayolle Lussac, Recherches et publication. Ed MSH Bordeaux. 2008, 200p.
– Le Mirail, mémoires d’une ville, avec Stéphane Gruet, Ed. Poïésis. 2009, 446p.
Résumé de la thèse :
En 1961, la municipalité de Toulouse lance un concours pour un plan d’urbanisation de la ZUP du Mirail. Il s’agit de créer à quelques kilomètres du centre existant un second centre urbain complémentaire. Le programme prévoit la réalisation de 25 000 logements pour 100 000 habitants, des équipements sportifs, culturels, commerciaux et cultuels répartis sur un territoire de 680 hectares, parti audacieux, dont il n’existait encore aucun exemple de même importance en Europe.
Il s’agissait d’une ville nouvelle équivalent en surface au centre de la ville existante. Avec ses 100 000 habitants, elle aurait été la deuxième ville de la région Midi Pyrénées.
Une centaine d’architecte participe à ce concours national, dont Arretche, Delfante, Vetter, Lévy Lebar, Aubert, Anatole Kopp et Le Corbusier associé à une équipe toulousaine. Chacun va tenter de proposer une nouvelle forme urbaine pour une ville contemporaine.
Les architectes Candilis, Dony, Josic et Woods accompagnés des ingénieurs Piot et François emportent le concours.
Pendant les deux mandats du Maire Louis Bazerque, architectes, représentants de l’Etat, organisme HLM et promoteurs privés vont tenter de réaliser ce que l’on appelle à l’époque « la ville-bis ».
Louis Bazerque jouera même son troisième mandat sur la prolongation du Mirail, mais les toulousains septiques lui préférèrent Pierre Baudis pour qui la ville nouvelle ne fut plus la priorité. Au fur et à mesure des années on vit se transformer le quartier en un ghetto social et ethnique sans que aucune des municipalités successives ne trouvent le moyen d’enrayer le phénomène. Les affrontements dans le quartier de Reynerie en 1998 furent un point d’orgues qui lancèrent une volonté d’intervention radicale autour d’un Grand Projet de Ville mis en place par l’Atelier d’Urbanisme de l’Agglomération Toulousaine et soutenu par l’Etat, la Région, le Département et sous la maîtrise d’ouvrage délégué de la Ville de Toulouse.
Après deux années de dialogue et de « participation » la ville décida de lancer un concours pour une « Etudes Urbaines et Paysagères » sur le Mirail dont nous avons été lauréat .
L’objet de ce doctorat serait de relever les catégories temporelles utilisées par les différents acteurs de cette création urbaine, de voir les échelles spatiales sur lesquels elles s’appliquent du territoire à la cellule dans les dimensions de plastique et d’habités et enfin d’explorer des scénarios d’intervention sur ces catégories temporelles toujours sur les différentes échelles de la cellule au territoire. Comment, les architectes, les politiques, les administrateurs qui ont eu à concevoir cette ville nouvelle se positionnaient par rapport au temps? Comment intégraient-ils la contrainte de temps : passé, présent, futur ?
Comment, les architectes qui ont eu à concevoir en 1960 la ville nouvelle de Toulouse-Le -Mirail intégraient-ils la contrainte de temps ?
Problématique :
La perspective théorique qui nous servira à l’analyse des temporalités du Mirail est issue principalement des ouvrages de Fernand Braudel « La méditerranée », de George Kubler « Formes du Temps », et de l’ouvrage collectif coordonné par Bernard Lepetit et Denise Pumain sur les « Temporalités de l’urbanisme ».
La définition de la problématique avait été amorcé en 1994 lors d’une recherche pour le Plan Urbain sous la direction de Bernard Lepetit.
L’objectif de la recherche était de lister les catégories temporelles qui intervenaient dans le projet d’urbanisme du Mirail, en s’appuyant sur une série d’entretiens faits avec différents acteurs : architectes, élus, habitants, techniciens, administratifs…
En partant de cette recherche nous voudrions développer ici l’analyse des temporalités de l’urbanisme utilisées plus particulièrement par les architectes Candilis, Josic et Woods.
Ces temporalités opératives ou « temps de projections » seront analysées sous les dimensions braudéliennes « événementielle », « conjoncturelle » et « longue durée » auquels nous rajouterons les dimensions passé, présent, futur comme outils de l’urbanisme.
Hypothèses :
Passé : L’utilisation d’un « passé efficace » constitué par les châteaux et les parcs préexistants aurait permis d’ancrer l’opération sur le site. Un des points qui fait que ce projet se situe à la charnière entre la pensée sur la ville du Mouvement Moderne et celle du Team Ten.
Présent : l’analyse de la ville faite par les architectes conduits au rejet du présent, ils ne construisent pas pour la situation d’aujourd’hui mais pour celle qu’ils imaginent pour demain.
Futur : Le stem et le Web comme outils conceptuels d’évolutivité de la ville et le « casier à bouteille » comme poncif de l’évolutivité de l’habitat.
Le règlement, le parcellaire, la séparation espaces publics / espaces privés pris comme outils « classiques » de la gestion de la ville dans la durée qui avait été omis dans le plan de la ville moderne de Candilis, Josic et Woods seront réintroduits au fur et à mesure de la construction du Mirail.
Les architectes Candilis, Josic et Woods mettent en place tout au long de leur carrière un cadre théorique d’évolutivité de la ville qui s’avérera inopérant sur Toulouse le Mirail. L’inefficacité des outils d’adaptation de la ville au futur serait une des raisons majeures de l’abandon du projet.
Maître d'ouvrage :
Date :
Doctorant :
Rémi PAPILLAULT
Composition du jury :
Directeur :
Jean-Louis Cohen, Professeur à l’Université de Paris VIII et à l’Institute of Fine Arts de New York University.