Marie LEFEVRE
Les centres-bourgs des villes rurales sont très souvent riches d’un patrimoine urbain, architectural et paysager, hérité des siècles passés, qui leur confère un rayonnement culturel local. Néanmoins, ce patrimoine reste aujourd’hui peu investi, considéré comme obsolète et incompatible avec les modes d’habiter contemporains. Pourtant, dans le contexte de mutations profondes dans lequel nous évoluons, qu’elles soient environnementales, sociétales ou encore économiques, le réinvestissement et la redynamisation des centres-bourgs ruraux apparaissent comme une nécessité et un enjeu d’avenir, duquel les collectivités territoriales et les acteurs de la construction doivent se saisir.
Désertés et en manque de reconnaissance, nombre de ces lieux rappellent le contraste entre les politiques développées au sein des métropoles et le traitement réservé aux petites villes et aux territoires ruraux. Ils pourraient pourtant constituer une réponse aux enjeux de notre temps, en redevenant des lieux de vie et terrains d’expérimentations pour des acteurs conscients de la situation et soucieux d’y remédier.
Le projet de thèse développé ici fait suite à un premier travail de réflexion mené dans le cadre d’une étude sur l’élaboration de cinq Sites Patrimoniaux Remarquables (SPR) dans la région du Tarn-et-Garonne. Cette expérience a donné suite à l’élaboration d’un Projet de Fin d’études à l’ENSA de Toulouse portant sur la redynamisation du centre-bourg de Caylus, village de 1489 habitants (INSEE, 2020) et faisant partie de l’étude citée plus haut.
Le bourg de Caylus s’inscrit ainsi dans un périmètre de Site Patrimonial Remarquable. Il a été retenu pour le programme « Petites Villes de demain », initié par l’Agence nationale de cohésion des territoires et est engagé dans une Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat et de Renouvellement Urbain (OPAH-RU), contractualisée avec l’ANAH (Agence Nationale d’Amélioration de l’Habitat) en 2023.
Cette recherche, en s’appuyant principalement sur l’étude du centre-bourg de Caylus, s’intéressera ainsi dans un premier temps à alimenter les réflexions actuelles sur la situation des centres-bourgs ruraux en Occitanie en dressant un inventaire non-exhaustif et un état des lieux : comment ces centres-bourgs ont-ils évolués depuis leur formation ? Quels héritages du passé conservent-ils ? Qu’ont-ils à offrir aujourd’hui ? Quelles problématiques rencontrent-ils ? Quels moyens possèdent-ils et quelles actions ont été mises en place jusqu’à présent ? Quelles problématiques découlent des politiques de gestion des territoires de ces cinquante dernières années ? Comment y intervenir ?
Par l’élaboration d’un corpus d’études secondaire regroupant d’autres centres-bourgs ruraux d’Occitanie, cette recherche portera ensuite un regard critique sur le rôle du patrimoine dans la société actuelle et cherchera à illustrer la manière dont celui-ci peut constituer un levier de cohésion sociale, de développement économique et d’aménagement du territoire. Enfin, dans une volonté d’engager des actions concrètes autour du réinvestissement des centres-bourgs, cette recherche s’attachera à développer des outils pouvant apporter des éléments de réponse à la question suivante : comment intervenir dans les centres-bourgs denses afin de les rendre habitables au regard des caractéristiques du logement contemporain ?
Ce projet de thèse s’inscrit dans une démarche engagée visant à rendre le patrimoine des centres-bourgs désirable et accessible, en développant des modèles d’habitats soutenables et adaptés aux modes de vie actuels, et à agir ainsi à une échelle élargie, en faveur de la revitalisation et du réinvestissement des centres-bourgs ruraux.
Équipe :
Contrat doctoral, Ministère de la Culture & Agence Nationale de l’Amélioration de l’Habitat (ANAH), France.
Date :
Doctorant :
Marie LEFEVRE
Composition du jury :
Directeurs :
Rémi Papillault, Professeur Hdr, ENSA Toulouse
Samuel Balti, maitre de conférence, ENSA Toulouse