» LES PROJETS DE LE CORBUSIER POUR CHANDIGARH COMME FRAGMENT D’UNE PENSÉE POUR LA VILLE »
Ecole Nationale Supérieure de l’Architecture de Toulouse / Conseil de l’Architecture de l’Urbanisme et de l’Environnement Haute-Garonne / Association des Maîtres d’Ouvrage Midi Pyrénées AMO./ Centre Méridionale de l’Architecture et de la Ville / Fondation Le Corbusier / Cité de l¹Architecture et du Patrimoine /Direction de l’Architecture et du Patrimoine
En 1947 est proclamée l’indépendance de l’Inde. La politique de son Premier Ministre, puis Président, Jawaharlal Nehru, est un vaste plan de modernisation qui s’appuie sur l’industrie, l’agriculture, l’aménagement du territoire et à un autre niveau sur la neutralité de l’Etat vis à vis de la religion. Il décide de la construction d’un réseau de plus de cent villes nouvelles dans un but de rééquilibrage et de renforcement des grands états indiens autour d’activités spécifiques en s’appuyant sur la compétence d’architectes étrangers.
De 1951 à sa mort en 1965, Le Corbusier va travailler sur la nouvelle capitale du Punjab aux Indes. Ce sera le seul projet urbain de grande ampleur qu’il réalisera. Toutes les études théoriques comme la « Ville Contemporaine » ou la « Ville Radieuse », tous les projets plus réalistes, comme ceux pour la reconstruction de Saint-Dié ou de La Rochelle, ne verront jamais le jour.
Prévue pour 150 000, puis 500 000 habitants elle est aujourd’hui à près de un million et demi et les prévisions donnent deux millions d’habitants à l’horizon 2020. En cinquante ans le prix du mètre carré résidentiel est passé de 9 à 14 000 roupies. Il est, non loin derrière Bombay, un des plus élevés d’Inde. Les riches commerçants et industriels de Delhi sont nombreux à venir s’installés ici. Grâce au Shatabdi Express, la ville n’est qu’à trois heures de train de la capitale. Elle bénéficie d’un climat plus frais, du fait de la proximité des montagnes Shivalik et possède de nombreux services de culture, de santé, ainsi que des commerces et des universités. Surtout, elle ne manque pas d’espaces verts : c’est « la Suisse de l’Inde » comme disent les Indiens eux-mêmes. Chandigarh profite aussi de l’arrivée de nouvelles industries qui se développent autour de l’hyper-connectivité de la fibre optique et de la multiplication des lieux de connections internet.
Chandigarh est aujourd’hui à un tournant de son histoire. La ville a plus de cinquante ans et déjà émerge la question de sa patrimonialisation. L’exemple de Brasilia d’Oscar Niemeyer et Lucio Costa, classé Patrimoine Mondial en 1987, est constamment cité lorsque l’on évoque le devenir de Chandigarh. L’Etat indien, qui a pour règle de ne pas protéger au titre du patrimoine des bâtiments de moins d’un siècle, doit imaginer une jurisprudence adaptée qui, pour l’instant tarde, à venir.
Mais d’autres questions restent en suspens : que classer ? L’ensemble de la ville ou seulement le Capitole ? Est-ce qu’un gel généralisé de l’urbanisation à l’échelle de toute la ville est imaginable ? Faut-il simplement protéger les parties les plus significatives ? Comment intégrer la grande échelle territoriale qui correspond à la ville aujourd’hui ?
De par la constance d’application du système tenu sur cinq décennies par des techniciens et administrateurs zélés, Chandigarh a aujourd’hui valeur d’artefact urbain comme quelques villes neuves de la renaissance ou quelques bastides témoins d’une pensée sur la ville en d’autres temps.
Nous voudrions dans cette exposition explorer conjointement deux échelles :
– mesurer comment la validité des outils originels de contrôle de la ville dans le temps pourrait se porter garant de la patrimonialisation comme le principe des secteurs, le plan d’arborisation, la règlementation urbaine.
– comprendre le système de composition par secteur et sa validité.
Plus précisément les thèmes présentés pour l’exposition sont :
– La question des centres urbains et son application sur le Centre Commercial du Secteur 17.
– Les centres culturels des villes : l’Art Gallery et le Muséum du Secteur 10.
– L’université du Punjab comme plan d’une ville idéale par Pierre Jeanneret.
– Le système de parc et la vallée des loisirs comme lien.
– La place des loisirs et du sport dans la cité, le Yacht Club et le barrage du Sukhna Lake.
– Le plan d’arborisation, la règle et le système des 7V pour la définition de l’espace public.
– La théorie des secteurs : l’application sur le secteur 22. Notions d’habitat.
– La théorie des secteurs : l’application sur le secteur 15. Notions de règlementations.
– La théorie des secteurs : l’application sur le secteur 2, 3, 4, 5, .L’habitat pour les hauts fonctionnaires sur les secteurs nord.
Parallèlement au travail sur Chandigarh sont présentés les maquettes de projets de maisons et palais conçus par l’architecte qui aura défendu le principe d’un lien entre ville et architecture.
Sur sa carrière Le Corbusier à conçu 106 projets de maisons individuelles dont 36 seulement furent réalisées. Trois furent nommés mais jamais documentées.
Les maquettes réalisées par l’Atelier de Tadao Ando sont toutes au 1/200°. Elles donnent un document pédagogique de première valeur pour comprendre les fondements de composition de l’architecte. Les projets de maisons pour Ahmedabad et Chandigarh montrent la volonté d’une adaptation au climat et aux spécificités culturelles de l’Inde.
La question du lien entre ville et architecture est au cœur de cette exposition.
Équipe :
Rémi Papillault, professeur Hdr à l’ENSA de Toulouse, architecte du patrimoine, docteur de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.
avec Lionel Machonin et Uyen Bui architectes