Hana AYADI
Selon Jacques Marmey, « l’architecture arabe privilégie la simplicité. Si on y parle de l’habitation, la façade est totalement indifférente. Au Maroc, ceci est particulièrement vrai. Mais l’intérieur c’est autre chose. Avec le patio, les jardins intérieurs…On s’attache surtout à la senteur des plantes, au bruit de l’eau… »
Marmey s’intéresse à une architecture populaire telles les maisons d’habitation aux lignes les plus simples. « Lorsque l’imagination humaine est soutenue par une tradition vivante, l’œuvre d’art qui naitrais serait bien plus grande que tout ce qu’il pourrait créer sans le savoir d’une tradition » .
C’est dans ce sens que nous allons étudier un modèle architectural, qui s’est confronté à cette dualité: s’inscrire dans l’ère du temps en s’adaptant aux spécificités du pays.
Cette investigation se fera à travers le modèle de Jacques Marmey, pendant les années qu’il a vécu en Tunisie (1943-1980). A la demande de Bernard Zehrfuss, , l’architecte s’installait occupe la fonction d’architecte en chef de la section Études et travaux du service de l’architecture et de l’urbanisme, chargé de la reconstruction des villes.
Contrairement à son expérience marocaine où l’architecte s’opposait à des contraintes typologiques traditionnelles, en Tunisie, il devait répondre à des programmes conformes à la charte d’Athènes comme les équipements publics, les écoles, les dispensaires, etc. Durant les quatre années de la période de reconstruction, les architectes du service d’Architecture et d’Urbanisme, à l’écoute des idées de l’avant-garde, ont pu produire un modèle architectural en rapport avec le contexte local du pays, dans une extrême rationalité .
En préfaçant l’ouvrage de Marc Breitman, Bernard Huet présente l’expérience des architectes de la reconstruction en Tunisie entre les années 1940 et 1950 comme étant exemplaire. Ces derniers «inscrivent exactement leur propres positions doctrinales dans les marges d’ambiguïté définies par les grands ténors du Mouvement Moderne lorsqu’ils se référaient à la tradition. Le retour d’un classicisme spécifié et le régionalisme rationalisé satisfont à la fois le besoin de changement exigé par les transformations du mode de vie moderne [obéissant à des programmes nouveaux] et la nécessité d’une continuité avec une tradition typologique et constructive imposée par le marché [autrement dit par le contexte local] ».
Dans notre recherche, nous allons mettre au jour les modalités de conception de Marmey dans sa dualité physique/sensible, qui structure le modèle architectural pour comprendre comment elles se mette en position.
Sa recherche de systèmes adaptés au contexte régionale, peut être en effet comparable aux préoccupations actuelles. Notons que l’attitude « sensible » de Marmey vis à vis la contextualisation identitaire fait partie d’un courant plus large qui a caractérisé la période de l’après-guerre en Afrique du Nord et de l’autre rive de la méditerranée. Alto, Simounet, Pouillon, et même Le Corbusier s’engagent dans un processus de conciliation du local.
Date :
Doctorant :
Hana AYADI
Composition du jury :
École doctorale : Temps, Espaces, sociétés, cultures (TESC), UT2J
Unité de recherche : Laboratoire de Recherche en Architecture (LRA), ENSA T
Directeurs de thèse :
Rémi Papillault, professeur Hdr en architecture, docteur en histoire, EHESS, Paris.
Savitri Jalais, maitre de conférences, docteure en architecture, IPRAUS.