Commandé par Philippe de Rabastens, dignitaire protestant, le château de Mailhoc fut construit en 1574-75 en plusieurs phases très lisibles, mais sans avoir pu être mené à son terme. On voit très bien au haut des tours les escaliers inachevés qui étaient prévus pour donner accès aux terrasses de cette place forte sur le modèle du château de Mauriac construit par le frère, Bertrand de Rabastens, à quelques kilomètres de là. Contrairement à une légende familiale repris par quelques historiens, le château fut construit a novo et non fondé sur des bases médiévales.
Hors la question de l’inachèvement le château aura traversé le temps avec peu de transformations. Il conserve en effet bien des dispositions d’origine dont la cour dominée par une tour d’escalier inachevée elle-même surmontée par une tourelle. A l’intérieur une très belle cheminée Renaissance avec une finesse de sculpture du niveau des plus beaux hôtels toulousains de la période.
Le château est organisé autour d’une cour centrale et défendu par quatre tours d’angle rondes aux toitures en tuiles canal et équipées de bouches à feu dont une très belle archère à rotule, mentionnée par Eugène Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire. Trois côtés sont constitués de bâtiments en maçonnerie de moellons de pierre, le quatrième étant clos par un mur contre lequel se développe une galerie renaissance. Dans une tour dépassant les toitures des autres bâtiments, un escalier rampe sur rampe de part et d’autre d’un mur noyau sur lequel s’encastre une ordonnance d’architecture.
La première campagne de travaux, au début du XVIe siècle, consista en l’édification de l’aile sud, flanquée de chaque côté par deux tours rondes, et parcourue de part et d’autre par une corniche en pierre à double corps de moulure. Fut également édifiée à la même époque la tour carrée avec son escalier à rampes droites et les grandes fenêtres à meneaux dont l’ornementation est caractéristique de la Renaissance. Cette première campagne de construction est identifiable par plusieurs points : une ligne de rupture entre la tour carrée et le bâti ouest marque deux campagnes de travaux différentes; le bâti sud est le seul à posséder des corniches en pierre à double moulure à la fois sur la façade sur cour et sur jardin. Les autres bâtis sont, eux, surmontés de génoises à trois rangs, dispositif des travaux de la fin du XVIIIe. Dans un second temps fut réalisée la construction des ailes ouest et nord et des deux autres tours d’angles. Ces ailes correspondent aux parties plus domestiques du château. Enfin, fut réalisée la quatrième aile du château, avec la galerie et les cinq arcades plein cintre. Caractéristique dans son implantation comme dans son ornementation de la Renaissance française, cette galerie donne accès à la cour sur plan carré. C’est par cette aile que se fait aujourd’hui l’accès au château et à sa cour. La création d’une porte d’entrée en 1764 à cet endroit là, témoigne probablement de l’emplacement de la porte initiale.
Après la reconnaissance fine de l’histoire du lieu dans sa disposition et matérialité, le projet consiste à restaurer charpentes et toitures en changeant le moins possible les dispositions arrivées jusqu’à nous.
Équipe :
AARP architecte du patrimoine
Philippe Coucoureux, charpentier
Type de mission :
Restauration des toitures